L’essor des cryptomonnaies a suscité un intérêt sans précédent, mais également des inquiétudes quant à leur impact environnemental, notamment en raison de la consommation énergétique élevée liée à leur minage. Face à ce défi, le Fonds Monétaire International (FMI) propose l’instauration d’une taxe mondiale sur l’énergie utilisée dans ce processus. Cette initiative soulève des questions cruciales sur la pertinence de cette mesure : est-elle réellement la solution pour atténuer l’impact écologique du minage, ou risque-t-elle d’entraver l’innovation dans un secteur en pleine évolution ? À travers une analyse critique des rapports du FMI, il est essentiel d’examiner les implications économiques et environnementales d’une telle taxation, ainsi que sa capacité à inciter une transition vers des pratiques plus durables.
La proposition du FMI : une vision pour réduire les émissions de carbone
Deux hauts responsables du Fonds Monétaire International (FMI), Shafik Hebous et Nate Vernon-Lin, ont récemment proposé une augmentation des coûts d’électricité pour les mineurs crypto à travers le monde. Leur idée repose sur l’introduction d’une taxe mondiale sur l’énergie utilisée par les mineurs, fixée à 0,047 $ par kilowattheure. Cette mesure pourrait augmenter les coûts énergétiques des mineurs de 85%, tout en visant à réduire les émissions de carbone de l’industrie et à générer 5,2 milliards de dollars pour les gouvernements.
Impact environnemental et financier de la taxe proposée
Selon les auteurs, cette taxe pourrait non seulement contribuer à réduire les émissions de carbone de 100 millions de tonnes par an, soit l’équivalent des émissions annuelles de la Belgique, mais également générer d’importantes recettes fiscales. Cependant, en tenant compte de l’impact local des mineurs sur la santé publique, la taxe pourrait grimper jusqu’à 0,089 $ par kilowattheure.
Quel est le point commun entre les actifs crypto et l’intelligence artificielle ? Toutes deux sont avides d’énergie.
Méthodologie contestable et projections alarmistes
Le rapport du FMI utilise des projections alarmistes et une méthodologie discutable pour soutenir ses conclusions. Par exemple, il estime que le minage de Bitcoin pourrait représenter 0,7% des émissions mondiales de carbone d’ici 2027, en utilisant un modèle hypothétique de l’Université de Cambridge qui suppose que toutes les opérations de minage utiliseront du charbon. Cette hypothèse ignore l’augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables par l’industrie.
Comparaisons trompeuses et analyse sélective
Le rapport ouvre avec une comparaison douteuse entre les actifs crypto et les centres de données IA, en évoquant leur forte consommation énergétique sans établir de lien factuel solide. De plus, le rapport présente des scénarios extrêmes comme des probabilités futures, en ignorant les données actuelles et les tendances du marché qui montrent que le secteur du minage de Bitcoin s’éloigne des combustibles fossiles.
Des études récentes montrent un autre visage du minage de Bitcoin
Des recherches récentes, y compris des études publiées par le Digital Assets Research Institute, montrent que les émissions de carbone du minage de Bitcoin n’ont pas augmenté proportionnellement à la hausse du hashrate ou du prix du Bitcoin. Au contraire, certaines études ont montré que les centres de données flexibles, comme ceux utilisés pour le minage de Bitcoin, ont un effet net de décarbonisation sur les réseaux électriques.
Une solution superficielle et ses effets pervers
En prétendant que l’introduction d’une taxe énergétique mondiale pourrait résoudre les problèmes d’émissions liés au minage de crypto, le FMI adopte une solution superficielle qui pourrait avoir des effets pervers. Les mineurs pourraient être incités à se déplacer vers des juridictions aux normes environnementales moins strictes, exacerbant ainsi le problème des émissions de carbone plutôt que de le résoudre.
Conclusion : la nécessité d’une approche rigoureuse
En fin de compte, ce rapport du FMI semble davantage motivé par une volonté de discréditer le secteur crypto que par un souci réel de l’environnement. Avant de mettre en place une taxe énergétique mondiale, il est essentiel d’adopter une approche plus honnête et rigoureuse, fondée sur des données actuelles et un véritable engagement envers la réduction des émissions de carbone.